"Je déteste qu’on me colle l’étiquette d’artiste"
Emel Mathlouthi, la jeune chanteuse tunisienne établie depuis peu en France, revient sur sa carrière dans une interview accordé au site Mbc.net. Elle a quitté son pays natal pour donner une autre dimension a sa carrière musicale, vers Paris, ville cosmopolite, et grand carrefour culturel, s’offrant ainsi plus de chance des percer. La chanteuse, tout comme son père, est en effet, adepte du grand Cheikh Imem, chantre de la chanson engagée égyptienne et arabe. Toute l’enfance de la chanteuse a été bercée par les chansons de ce dernier, elle buvait les paroles de son idole, elle-mêmes écrites par le non moins engagé et contestataire poète Ahmed Fouad Nejm.
« Je ne peux pas décrire les sensations, les émotions, et le sentiment que suscitent ces textes, a chaque fois que je les écoute, c’est ce chanteur qui m’a donné l’envie de faire une musique qui fait bouger les peuples. J’écris des chansons pour le petit peuple, les pauvres, les opprimés et pour la Palestine, et je déteste qu’on me colle l’étiquette de chanteuse engagée ».
Dans un contexte ordinaire, quand on parle de chanson qui fait bouger les peuples, on pense inévitablement à Robert Zimmerman (Bob Dylan), l’autre Robert, Nesta Marley, (Bob Marley), Tracy Chapman, Joan Baez, Georges Moustaki, Marcel Khalifa, Fairouz, et la liste est encore longue. Mais apparemment les temps ont changé, et le faite d’être un artiste engagé semble devenir une étiquette.
Monter pieds nus sur scène, chanter du Marcel Khalifa, proclamer que sa parole est libre, écrire « pour le petit peuple, les pauvres et les opprimés », chanter la tolérance, la liberté et la justice et produire un album sous label indépendant, crier sur scène pour revendiquer une Palestine libre, et défendre les peuples sous tyrannie, pour dire par la suite que ce n’est pas de l’engagement, c’est vraiment tourner son public pour ce qu’il n’est pas. Toute œuvre artistique qui ne véhicule pas de message ne serait qu’un simple produit de consommation.
La carrière d’Emel reste un succès indéniable, que ce soit en Tunisie et ailleurs, grâce à son talent, et à l’image qu’elle s’est forgée comme étant une voix qui véhicule des idéaux et des aspirations pour un monde meilleur, plus conciliant envers ses faibles. Toutefois, en reniant le statut d’artiste engagée, elle devra choisir entre se positionner en tant qu’une artiste éphémère, une « entertainer » à la mode américaine, un simple produit de divertissement mais qui essaie de se teindre d’une couleur militante sur la forme, ou alors comme une véritable voix citoyenne, revendicatrice et meneuse d’un combat, qu’elle n’arrive toutefois pas à assumer jusqu'au bout. Dilemme.
source: tunivisions.net
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